Les hôpitaux de par leur spécificité sont un vecteur non négligeable de médicaments, anticancéreux, biocides et de détergents pour les stations de traitement des eaux usées. Les procédés de traitement biologiques dit « secondaire » utilisés actuellement ne permettent pas d’éliminer la totalité des micropolluants arrivant par les eaux usées et font des stations de traitement une source avérée en micropolluants pour le milieu aquatique. Parmi les composés susceptibles d’être rejetés dans l’eau, certains peuvent avoir des effets néfastes sur la faune et la flore. L’objectif de cette étude est double : évaluer l’impact potentiel de ces rejets hospitaliers sur les organismes aquatiques et évaluer l’efficacité de traitement tertiaire de type bioréacteur à membrane couplé au charbon actif sur ces rejets vis-à-vis des composés pouvant induire un effet biologique. Pour cela, des eaux brutes et traitées par bioréacteur à membrane seul puis associé à une colonne de charbon actif ont été testées chez le poissons zèbre (Danio rerio) et deux bivalves ; l’huître creuse (Crassostrea gigas) et la corbicule (Corbicula fluminea), mais également lors de bioessais sur des lignées cellulaires permettant d’évaluer les activités biologiques liées à la présence de perturbateurs endocriniens (activité œstrogénique), de dioxines et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Les analyses montrent que les rejets hospitaliers sont chargés en composés œstrogéno-mimétiques et HAP-like. Ces effluents montrent également des effets forts sur l’ensemble des organismes modèles utilisés. Le bioréacteur à membrane seul permet d’éliminer jusqu’à 99% l’activité œstrogénique et 98% l’activité HAP-like observée. Ce traitement permet également d’éliminer la quasi-totalité des effets chez les bivalves. Chez le poisson, une nette diminution des effets est observée après traitement au BàM, sans toutefois conduire à une disparition totale de ces derniers. L’association bioréacteur à membrane et charbon actif permet d’abaisser l’activité œstrogénique des eaux usées hospitalières en dessous des limites de détections du bio-essais employé. Il est par contre constaté qu’une légère activité HAP-like persiste malgré le traitement couplé. Chez le poisson, cette association BàM et charbon actif conduit à une diminution supplémentaire faible des effets transcriptomiques. Ces résultats montrent une bonne efficacité du traitement par BàM, mais que certains composés semblent encore passer ce crible. Ils démontrent également que les bivalves sont globalement moins sensibles aux effluents hospitaliers.
Patrice Gonzalez (Equipe écotoxicologie aquatique – UMR 5805 EPOC) Caroline Gardia-Parège, Maximilien Delafoulhouse, Océane Hourtané, Hélène Budzinski (Equipe de physico- et toxicochimie de l’environnement – UMR 5805 EPOC)
SIBA, Agence de l’eau Adour Garonne, Agence française pour la biodiversité (AFB/OFB), Ministère de la transition écologique et solidaire